3 techniques d'hypnose (qui ne sont pas éthiques) et que je n'utilise pas

4/10/2021

Est-ce que vous connaissez le point commun entre l'hypnose et une forêt centenaire ?

Dans une forêt centenaire il y a de grands chênes, imposants.

Ancrés dans la terre depuis plusieurs décennies.

Il y a aussi des arbres plus jeunes qui se battent pour grandir et atteindre la lumière.

Mais il y aussi des "mauvaises herbes".

Des plantes rampantes. Piquantes. Urticantes.

Elles essayent aussi de se battre pour voler la lumière des autres.

Dans le monde de l'hypnose : c'est la même chose.

Il existe des techniques d'hypnose séculaires qui fonctionnent et continuent de fonctionner depuis des siècles.

Mais il y a aussi des techniques dépassées. Périmées.

Les 2 raisons pour lesquelles ces techniques d'hypnose sont dépassées :

  • La recherche scientifique les a invalidé
  • Elles ne sont plus en accord avec l'éthique d'un professionnel de santé d'aujourd'hui

La recherche scientifique

Des hommes et des femmes dédient leur vie a la recherche scientifique : ce sont des chercheurs.

Ils sont passionnés par la compréhension du monde qui les entoure.

Alors oui, certains sont payés par des labos pour dire des choses qui arrangent des grosses entreprises capitalistes. Ou servir des intérêts individuels.

C'est la vérité.

Néanmoins, la majeur partie de ces chercheurs n'appartient pas à cette catégorie. Ils appartiennent à l'autre catégorie : la bonne.

Ils ont des enfants et ils ont envie de laisser un monde meilleur derrière eux.

Ces chercheurs dédient leur vie a mieux comprendre certains mécanismes. Ils vouent tout leur temps à découvrir quelles sont les meilleures techniques dans tel ou tel domaine.

Il en va de même pour l'hypnose.

Depuis plus de 70 ans, des chercheurs font des études sur l'hypnose.

Toutes ces recherches ont donné naissance à de nouveaux paradigmes. À des remises en cause de théories qu'on prenaient pour la vérité.

Si vous lisez régulièrement la recherche scientifique dans le domaine de l'hypnose vous savez que dire avec assurance à un patient qu'il est "dans un état d'hypnose" est faux.

En fait, on ne sait pas.

La recherche scientifique est formelle : Il n'existe aucun indice objectif d'un état modifié de conscience d'hypnose.

Aucun.

Et ce n'est pas moi qui le dit.

C'est la recherche scientifique.

Si vous êtes surpris de découvrir ça, j'écrirai bientôt un article sur ce sujet.

Les connaissances évoluent. Les techniques aussi.

Trop de praticiens et formateurs sont restés bloqués à l'âge de pierre.

Ils appliquent des techniques qui ne sont pas basées sur les données scientifiques actuelles.

Ils obtiennent parfois des résultats thérapeutiques mais cela se fait au péril de croyances erronées qu'ils mettent dans la tête des patients.

En effet, il y a d'autres facteurs qui rentrent en ligne de compte dans l'amélioration d'un patient (les effets contextuels, l'histoire naturelle de la maladie, la régression vers la moyenne, etc.)

Toujours est-il qu'à l'heure actuelle nous avons des données scientifiques pour nous guider dans notre pratique de l'hypnose.

C'est à vous de choisir votre camp :

  • Répéter scolairement les techniques sorties du chapeau d'un "formateur" qui se base uniquement sur son expérience personnelle...

    OU
  • Utiliser des techniques basées sur la science afin de donner le meilleur à vos patients.

Personnellement, je sais quels sont les standards que je m'impose pour les patients qui me donnent leur confiance.

Bref, vous avez compris :

Avant de mettre les pieds dans une formation d'hypnose, vérifiez qu'elle soit basée sur les preuves scientifiques actuelles.

Car certaines formations pourraient être remplies de ronces et d'orties.

J'ai d'ailleurs listé les avantages et inconvénients des différentes formations d'hypnose qui existent dans un tableau récapitulatif que vous pouvez découvrir ici.

L'éthique professionnelle

Vous venez de le voir, la recherche scientifique permet de proposer les meilleurs soins aux patients.

Néanmoins, il y a certaines questions auxquelles la science ne peut pas répondre.

Je vous donne un exemple :

Imaginez qu'un patient vienne vous voir au cabinet. Il vous explique qu'il a des douleurs très intenses au niveau du dos. Vous avez récemment lu une étude scientifique qui démontre que dans ce cas là, un traitement fonctionne extrêmement bien.

Il s'agit de grimper sur le dos du patient et de sauter plusieurs fois d'affilée sur lui avec vos deux pieds.

Cette technique est très efficace...mais aussi très douloureuse. Elle déclenche des douleurs encore plus fortes durant les 3 prochains jours. Ensuite 70% des patients voient les douleurs disparaître complètement.

Allez-vous utiliser cette technique en sachant que 30% des patients ne vont pas améliorer leur douleur et vont encore plus souffrir pendant 3 jours (et ce, inutilement) ?

La science ne peut absolument pas répondre à cette question.

La question que vous êtes en train de vous poser est une question éthique.

C'est votre éthique de professionnel de santé qui est en jeu ici.

Vous trouvez que cet exemple est tiré par les cheveux ?

Pourtant, il existe plusieurs techniques d'hypnose dont la limite éthique n'est pas claire ou même carrément a côté de la plaque.

Des techniques d'hypnose d'un autre temps...

Imaginez une brique de lego.

Si vous en avez plusieurs et que vous les assemblez ensemble, vous pouvez créer différents éléments : une voiture ou encore une maison.

Une technique d'hypnose c'est un assemblage de plusieurs suggestions hypnotiques (qui sont comme des briques de lego).

Lorsque vous vous formez à l'hypnose, on vous apprend les suggestions de base à maîtriser. Une fois que c'est bon, vous pouvez les assembler pour créer une technique d'hypnose.

Si vous changez cet assemblage, vous allez créer de nouvelles techniques d'hypnose (et il en existe énormément).

Cependant, certaines de ces techniques ont été développé à des époques différentes de la nôtre. Et elles ne correspondent plus aux normes actuelles.

Avant de vous citer les techniques d'hypnose que je n'utilise pas, j'aime bien prendre l'exemple suivant :

On raconte que Milton Erickson (un psychiatre qui a eu une influence énorme sur l'histoire de l'hypnose) prescrivait fréquemment à ses patients d'aller gravir une montagne nommée Squaw Peak juste à côté de la ville de Phénix où il travaillait.

Le patient sortait de la consultation avec comme seule prescription de monter cette montagne avant de revenir à la séance suivante.

Le but était souvent de tester les motivations à vouloir changer des patients ou d'utiliser cette ascension plus tard dans la thérapie comme une métaphore de leur vie.

Pensez-vous que ce genre d'intervention thérapeutique soit encore possible à notre époque ? J'en doute.

Imaginez ça :

- Patient : Bonjour, j'ai mal à l'épaule depuis 2 mois, qu'est-ce que je dois faire ?

- Kinésithérapeute : Alors, c'est très simple : vous allez gravir le mont blanc et je vous revois ensuite pour vous dire.

A l'ère des rendez-vous pris (et parfois annulés...) en 2 clics sur un smartphone, je doute que ce genre de prescriptions thérapeutiques ne fonctionne...

En effet, les techniques d'autrefois ne sont pas celles d'aujourd'hui.

Le point positif dans cet exemple, c'est que personne n'est lésé (au mieux le patient trouvera des réponses à son problème, au pire il aura fait une belle rando).

Malheureusement ce n'est pas tout le temps comme ça...

Car il existe des techniques d'hypnose bien moins éthiques (pour ne pas dire autre chose...) qui peuvent nuire aux patients.

3 techniques d'hypnose que je n'utilise pas

Parmi les nombreuses choses que l'on aborde dans la formation d'Intégration d'hypnose en kinésithérapie que j'anime, il y a une chose qui m'est chère : c'est de parler de culture hypnotique.

Tout bon professionnel formé à l'hypnose devrait savoir pourquoi il utilise certains outils et pourquoi pas d'autres. Afin de savoir trier le bon grain de l'ivraie.

Je passe donc du temps à expliquer et décrire aux participants de la formation les techniques d'hypnose que je n'utilise pas pour des raisons éthiques (ou scientifiques) afin d'augmenter ce que l'on pourrait appeler leur "culture hypnotique".

Parmi ces techniques que je n'utilise pas en thérapie avec des patients (vous allez comprendre de vous-même pourquoi), il y en a 3 :

  1. Les techniques d'amnésie : c'est l'utilisation de suggestions hypnotiques dans le but de faire oublier momentanément quelque chose à quelqu'un : comment il est venu jusqu'ici, comment il s'appelle, un chiffre et lui demander de compter, etc.
  2. Les techniques de confusion : c'est l'utilisation de suggestions multiples, complexes et dans le but de saturer d'informations la personne afin de produire des phénomènes hypnotiques car la personne est dans un état de confusion.
  3. Les techniques de ruptures de pattern : c'est l'utilisation d'un effet de surprise pour forcer les gens à réaliser ce que l'on veut. Exemple : quelqu'un vous est en train de vous parler et vous dit brusquement le mot "dors" en vous saisissant par la nuque, en baissant votre tête et en la collant contre votre épaule comme si vous étiez en train de dormir...

Il existe encore des dizaines de techniques dans le genre...

Et je ne vous parle même pas (🤦) de l'hypnose pour parler avec les morts, l'hypnose quantique ou encore l'hypnose de régression dans les vies antérieures...

Dans les vies antérieures ?!?!?

Si, si, ça existe...

(Exemple: vous avez mal à l'épaule car dans une autre vie vous étiez un preux chevalier qui a été blessé au combat. Alors que vous vouliez protéger la princesse, une épée vous a traversé l'épaule et elle est encore planté là. Mais heureusement, je vais vous l'enlever grâce à l'hypnose...)


Je vous laisse imaginer les dégâts potentiels de ce genre de pratiques pour les patients...

Ces différentes techniques ne correspondent pas à l'éthique de professionnel de santé que j'ai envie d'avoir avec les patients qui me font confiance :

  • Elles placent le patient dans une position passive et parfois de soumission. C'est le thérapeute qui a le pouvoir.
  • Elles privent le patient d'autonomie : c'est le corolaire de la privation de pouvoir. Le patient est dépendant du thérapeute.
  • Elles empêchent donc le patient de se sentir à même de reprendre du contrôle sur son problème et d'utiliser l'hypnose seul grâce à de l'auto-hypnose : "Si c'est le thérapeute qui a le pouvoir, je suis dépendant de lui et je ne peux pas aller mieux sans lui..."

Personnellement, je milite pour une hypnose thérapeutique qui donne du pouvoir et du contrôle aux patients :

  • En leur montrant comment ils peuvent réutiliser l'outil en faisant de l'auto-hypnose pour mieux gérer leur problème.
  • Le tout basé sur les preuves scientifiques et les nombreuses recherches qui existent sur l'hypnose.

Savoir clairement ce que vous voulez pour les patients, oblige à faire des choix. Personnellement, j'ai fait les miens.

A vous de faire les vôtres, en toute connaissance de cause, afin de choisir une formation d'hypnose qui vous ressemble 😉

Recevoir un extrait vidéo de la formation
Merci ! Vous venez de recevoir un mail avec votre vidéo :)
Une adresse mail valide est nécessaire pour recevoir votre vidéo !